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Le meilleur système fiscal du monde

« On ne s’amuse pas, dans ces pays-là, à compter minutieusement avec les mandataires du pouvoir. On les nomme, on les envoie ; ils recueillent le produit des impôts ; ils en gardent la plus grande partie pour eux, sous le prétexte que les récoltes ont été mauvaises, que le commerce ne va pas, que les travaux publics absorbent les ressources. On ne leur cherche pas de mauvaises chicanes et on reçoit pour bon ce qu’ils disent. Puis, au bout de quatre ou cinq ans, on les destitue ; on les fait venir ; on leur demande ce qu’ils préfèrent, ou rendre des comptes ou payer une somme d’argent indiquée. Ils choisissent toujours le second terme de la proposition, parce qu’il leur serait difficile de présenter des pièces en règle. On leur enlève ainsi la moitié ou les deux tiers de ce qu’ils ont amassé, et avec ce qu’il leur reste, ils font des cadeaux au Roi, aux ministres, aux dames du harem, aux gens influents, et, à bon prix, on leur confère un autre gouvernement qu’ils vont administrer, sans changer de système, pour arriver à la même conclusion. C’est une méthode dont il n’est pas besoin de faire ressortir les mérites ; l’avantage saute aux yeux. Les peuples sont charmés de voir leur gouvernement rendre gorge : les gouverneurs passent leur vie à s’enrichir, et, finalement, ils meurent pauvres, sans jamais s’être doutés que telle devait être leur fin inévitable. Quant au pouvoir suprême, il s’épargne les soucis de la surveillance et une taquinerie de mauvais goût envers ses agents. »

« Histoire de Gambèr-Aly », Arthur-Joseph de Gobineau

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